MAIS QUE DEVIENT LA TRADITIONNELLE LETTRE POSTALE ?
Au début était le « cursus publicus » (la course publique), en des temps où il fallait au moins plusieurs hommes et autant de chevaux pour envoyer un message et en espérer une réponse. Au Moyen Age, le système postal romain centralisé arrivant à bout de souffle, ce sont certains ordres religieux, monarques et seigneurs qui prennent le relais, disséminant sur le territoire un maillage de liaisons non reliées entre elles. Ces premiers relais de poste balbutiants générèrent un nouveau métier très convoité car bien rémunéré, les « chevaucheurs ».
Cahin-caha, les choses allèrent ainsi jusqu’à la Révolution française, qui étatisa ce service public. Au début des années 1800, l’usager était tenu d’aller lui-même relever son courrier au bureau de poste après avoir appris un peu par hasard qu’un pli l’y attendait, et ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard que les facteurs tels que nous les connaissons aujourd’hui assurèrent des tournées une fois tous les deux jours. Bien avant l’annuaire inversé, un Dictionnaire des Postes recensa les adresses des particuliers à desservir, jusque dans les zones rurales les plus reculées, et dans le même temps, le premier timbre-poste fit son apparition en Angleterre.
DU CHEVAL A L'ORDINATEUR
Le 20e siècle structura, consolida, organisa cette activité devenue tentaculaire dont l’envergure s’affirma en 1912 lorsqu’une première liaison aérienne transporta quelques sacs de courrier de Nancy à Lunéville.
Pour info, coordonnées la Poste Marseille ici)
Exclusivement masculin, le métier de facteur se féminisa lors du premier conflit mondial, et ce fut l’une des innombrables mutations que connut ce que l’on appela désormais les PTT, autrement dit l’administration des Postes, Télégraphes et Téléphones.
Anecdotiques ou révolutionnaires, les changements ponctuèrent la vie de cette institution qui adopta la couleur jaune pour son parc de boîtes à lettres, créa son premier Cedex et installa son premier ordinateur, tout cela en 1962.
Les décennies suivantes préparèrent la vocation de partenaire bancaire qui devait compléter les services essentiellement postaux des PTT, et c’est ainsi que furent proposés aux usagers les premiers Livrets Epargne Logement, Livrets B, Sicav et autres livrets Portefeuille. Au début des années 80, on compte plus de 17 160 bureaux de poste sur le territoire, et quelques années plus tard, c’est « Chronopost » qui fait son apparition, une sorte de service d’urgence qui fournit tous ces particuliers impatients dans les meilleurs délais.
En 1991, les PTT de Papa se défont d’une appellation un peu désuète et pour entrer dans la prometteuse ère des télécoms, une loi décrète la poste personne morale et exploitant public. La poste devient donc La Poste, une entreprise comme une autre, contrainte de rendre des comptes, de s’aligner sur des décrets européens et de satisfaire au marché unique des services postaux. Une page est tournée, l’automatisation et l’informatisation ont eu raison d’une certaine forme de communication entre l’usager et son facteur préféré, et l’objectif de La Poste et de ses nombreuses filiales est de rationaliser les opérations qui les lient aux clients potentiels.
Aujourd’hui, La Poste est autant un service public qu’une banque et c’est insensiblement qu’au long de son histoire, ce statut se devait de s’installer, conformément à une logique financière entamée de longue date : les premiers mandats au 19e siècle, la Caisse d’épargne dans les zones rurales, le Compte chèque postal au début du 20e siècle, des offres de crédit à la consommation, etc., avec, toutefois, une réelle volonté de rester fidèle à des principes que l’on pourrait qualifier de sociaux. La Poste affiche ses valeurs : l’intérêt du client avant tout, des produits financiers et des services à la portée du plus grand nombre. L’activité bancaire de La Poste compte aujourd’hui une dizaine de millions de clients actifs et depuis 2010, on peut aussi s’adresser à ce deuxième opérateur postal européen pour protéger ses biens, comme dans n’importe quelle société d’assurance.
Pour toujours trouver la bonne adresse de la poste consultez l'annuaire inversé.
LA POSTE VIRTUELLE
Internet, bien sûr, se devait d’entrer dans cette épopée postale et depuis quelques années, c’est par le biais d’une adresse électronique que La Poste délivre maintenant les correspondances de ses clients. Mots d’amour ou tractations professionnelles échappent donc de plus en plus aux mains du facteur pour passer à l’ère de l’échange instantané via un compte, …..@laposte.net, utilisé par presque 2 millions de personnes. Autant d’enveloppes timbrées qui n’atterriront plus chaque matin dans les boîtes à lettres où l’on ne trouve plus aujourd’hui que factures et dépliants publicitaires.
Par Soizic Tretout