PING CALL : LE NUMERO FANTOME DU PORTABLE

Le scénario est toujours le même, sans surprise

Votre portable sonne une fois, très brièvement, et se tait avant même que vous n'ayez eu le temps de décrocher. Poussé par une curiosité légitime, vous rappelez ce numéro surtaxé, qui commence toujours par 0899 ou 0897, et vous tombez sur une boîte vocale qui vous promet monts et merveilles, en général des jeux, des sondages, de fausses loteries ou des messageries roses. Il vous en aura coûté entre 1 et 3 euros en fonction du temps d'appel et hors forfait.
On ne pense pas forcément être victime de cybercriminalité devant ce fait anodin, agaçant et pourtant répandu que l'on appelle "ping-call", autrement dit "spam vocal" et plus précisément "arnaque à l'appel en absence".
La manoeuvre peut se répéter plusieurs fois, les numéros sont choisis de façon aléatoire, et ce sont en général les ados qui rappellent systématiquement, davantage sujets à des comportements compulsifs quand il est question de leur portable.
Ces escroqueries ne datent pas d'hier. Elles virent le jour avec le Minitel, sous la houlette d'une dizaine d'éditeurs qui adaptèrent ensuite ces petits trafics à la téléphonie mobile. Difficilement localisables car rapidement dissoutes, ces sociétés fantômes peuvent ainsi rafler des dizaines de millions d'euros de bénéfices par an.

En 2008, Orange Mobile fut ainsi délesté de plus de 900 000 euros par deux frères d'une cinquantaine d'années domiciliés à Hyères. Equipés d'un matériel informatique (que l'on appelle la "pondeuse") qui génère automatiquement des appels en continu auprès de plusieurs milliers de personnes, ils s'appropriaient ensuite le montant de surtaxes généreuses qui, bien sûr, n'étaient jamais reversées à l'opérateur de téléphonie mobile.
Après la plainte déposée par Orange, les deux auteurs de ces arnaques, également coutumiers d'autres affaires délictueuses, ont été placés sous contrôle judiciaire et l'un d'eux a écopé d'une amende de 50 000 euros.

SFR et Bouygues Télécom ont également eu à subir les conséquences financières de ce jeu de "ping-pong" téléphonique et depuis 2000, c'est l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) qui traque ces malversations difficilement identifiables car peu de clients portent plainte. En effet, le préjudice peut sembler minime puisqu'il n'est que de 1 ou 3 euros à chaque appel, mais l'effet boule de neige est redoutable et pour circonscrire au mieux ce flux illégal, l'Office travaille plutôt en relation directe avec les opérateurs.

COMMENT LUTTER ?

Depuis juillet 2010, le gouvernement a mis en place un numéro destiné à dénoncer ces appels abusifs, le 33700, qui se charge ensuite de vous faire parvenir un accusé de réception. C'est la première étape d'une procédure judiciaire classique qui doit prouver l'infraction, identifier les malfaiteurs qui opèrent parfois depuis l'étranger, et qui peut se solder par une condamnation à une peine de prison allant de 1 à 5 ans et à plus de 10 ans quand l'infraction est le fait d'un groupe de personnes organisées.
L'OCLCTIC déclare venir à bout d'une dizaine d'affaires chaque année, un bilan qui tient compte de l'organisation très affûtée de certains escrocs mais aussi de l'amateurisme de plusieurs autres qui montent leurs arnaques sans stratégie élaborée, avec peu de moyens et encore moins de finesse. Dans ce cas, la chasse se conclut plus rapidement ce qui, bien sûr, n'est pas le cas des bandes organisées qui sévissent avec de gros moyens.

Le phénomène ne se limite pas à la France métropolitaine et à La Réunion comme aux Antilles, les opérateurs locaux ont pris le taureau par les cornes en informant leurs abonnés. D'ailleurs, en 2010, c'est en Martinique que le moustique ping-call a frappé et c'est en rappelant un numéro commençant par 239 que les abonnés ultra-marins se sont fait piéger. Cet indicatif est celui de Sao Tome et Principe, un petit pays d'Afrique situé à 350 kilomètres des côtes du Gabon, et là, la note a été salée puisque l'appel était facturé entre 1,50 et 10 euros la minute !

Les victimes se comptent donc par millions et depuis son installation, le 33700 a recueilli près de 800 000 alertes et quasiment un millier de numéros frauduleux ont ainsi été interdits.
La lutte continue bien sûr, mais en attendant la parade infaillible, le bon sens et la maîtrise de soi sont deux qualités qui peuvent aussi aider à lutter contre cette arnaque et dès lors que le 0899 ou 0897 apparaît sur un portable, la meilleure des défenses est l'indifférence. Par contre, un homme avertit en valant deux, il est très utile à la fois que vous vérifiez que le numéro n'est pas répertorié dans le forum de l'annuaire inversé. S'il l'est, vous découvrirez tous les témoignages des autres internautes et pourrez à votre tour indiquer ce que vous avez constaté. Si le numéro n'est pas encore répertorié, déclarez-le. Revenez dans quelques jours et vous aurez probablement la surprise de constater que vous n'étiez pas la seule personne visée et découvrirez tous les internautes ayant subi les mêmes appels de ce numéro !

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